La FSU espère beaucoup des travaux du Comité de suivi et pense qu’ils seront utiles pour relayer les questions et les analyses des acteurs et actrices de la FDE et notamment la conception qu’ils portent collectivement des métiers de professeur et CPE. Ces métiers ne sauraient être réduits à la mise en œuvre par des exécutants de gestes techniques formatés : la formation doit permettre d’outiller les concepteurs de pratiques construites, fondées sur des savoirs : l’accueil de publics hétérogènes dans des contextes très variés, parfois instables, nécessite des professionnels “réflexifs”, capables d’informer, d’élaborer, d’analyser, de développer, individuellement comme collectivement, leur pratique. La FSU contribuera aux travaux et portera des propositions dans cette perspective.
Nous constatons à ce jour que les inquiétudes et les tensions que vivent les collègues face à une “réforme” très largement contestée qui n’en finit pas de se préparer et, en même temps, n’avance pas sur le fond, viennent hélas s’ajouter à une rentrée, par ailleurs, compliquée à bien des égards.
Si des consultations sur différents sujets ont bien eu lieu – avec le seul MEN et sa DGRH – , nombre des éléments concrets qui conditionnent une mise en œuvre seulement viable manquent toujours : contenus des concours, organisation de l’alternance (nature et implantation géographique des berceaux, conditions de la responsabilité, etc.), moyens pour les équipes plurielles, conditions de recrutement et d’exercice des collègues en temps partagés, etc.
Pour la FSU, la consultation du 17 septembre sur la note de service “cadrant” l’alternance des futurs étudiants MEEF a encore montré que de nombreuses questions étaient à reconsidérer et que d’autres demeuraient des points aveugles : sélection des berceaux de stage, nature et rémunération des activités attendues de l’étudiant alternant, articulation avec la formation, décharge et rémunération des tuteurs etc. Les dimensions factuelles de cette “réforme” sont à l’évidence insuffisamment préparées pour que sa mise en œuvre soit ne serait-ce que possible dans les délais impartis.
Cette absence d’informations précises sur les contraintes institutionnelles que la « réforme » induit empêche les équipes des universités – dans les INSPÉ comme dans les autres composantes – de travailler sereinement aux futures maquettes de formation dans les délais initialement prévus (novembre 2020).
Il paraît inacceptable de laisser des étudiants s’engager dans un dispositif à ce jour encore parcellaire, insuffisamment précis dans son organisation même, lequel, dans l’état actuel des textes portés à notre connaissance, ne saurait garantir la formation universitaire et professionnelle de qualité à laquelle ils sont en droit d’aspirer et dont le service public a besoin. S’ils ne tiennent pas compte de l’expertise des formateurs et de la réalité des moyens au niveau local, le MEN comme le MESRI prennent le risque de dysfonctionnements majeurs à la rentrée 2021. Le risque serait grand de dégrader encore la perception que des étudiants peuvent avoir des conditions d’entrée dans le métier quand on constate la baisse des inscriptions dans les INSPÉ pour cette année alors que l’objectif affiché est d’élargir les viviers de recrutement.
À ce stade, on ne voit clairement dans cette “réforme” que la volonté d’utiliser des étudiants sous-payés comme moyens d’enseignement et d’augmenter le nombre de contractuels. En revanche, rien n’est clair pour ce qui concerne les moyens à allouer aux universités, l’amélioration des conditions d’étude, la progressivité de l’entrée dans la pratique et les conditions mêmes de construction de cette pratique et de ses fondements.
S’il est question d’attractivité, de formation ambitieuse, de réussite des élèves, etc. alors il est grand temps d’écouter les voix des acteurs et actrices le de la FDE pour, enfin, améliorer significativement ce projet.
Merci de votre attention.
Déclaration FSU, 23 septembre 2020