Dans les temps ancestraux, dans une contrée proche,
Campé sur son trône, serti d’or comme ses poches,
Le roi fier, puissant, omnipotent et serein
S’éloignait du pauvre peuple au futur incertain.
Dans son sillage royal, avare de sa place,
La queue courbée, pendue comme sa langue rapide,
En attente, à l’affût, tel le grand rapace,
Surveillait en cachette, Caméléon avide.
Se faufilant partout : assemblées et télés,
Libre de parler et de sa langue tirer,
Malgré son air niais et sa posture zélée,
Caméléon caché sortait pour attirer.
Caméléon gobait, gobait, gobait encore
Des mouches tournant autour des mauvais articles.
Le peuple gobait, gobait, gobait alors
Les raisons et excuses arguant d’un nouveau cycle.
À parler sans être données à la critique,
Les idées du caméléon infusèrent.
Il se fondait dans le paysage médiatique,
Il était désormais réponse à la misère.
Le roi, responsable de cela, et pas qu’un peu,
Pensant réconforter le peuple, décréta le vote,
Leur laissa le choix, mais alimenta le feu,
Entre le doux chausson ou la cinglante botte.
Dans le palais du roi, bureaux et ministères,
Sur son trône bientôt, c’en est presque imminent,
Comment désormais essayer de le faire taire,
Caméléon invisible apparaît maintenant.
La morale réside dans les bêtes cachées :
À quoi servent les yeux si ce n’est donc à voir ?
À faire et défaire, le peuple est décroché.
Le roi s’aveugle seul, à en donner le pouvoir.



