Législatives 2022

Mesdames les Présidentes, Messieurs les Présidents,

Nous vous interpellons aujourd’hui puisque vous allez présenter des candidat·es pour les législatives. Nous souhaitons vous alerter sur plusieurs sujets qui font le cœur des préoccupations des enseignant·es d’EPS.

Le 6 août 2019 paraissait la loi de transformation de la fonction publique qui mettait à mal toute une conception de la fonction publique pourtant construite pour l’intérêt général pour une indépendance du fonctionnaire ainsi qu’un cadre réglementaire permettant un traitement équitable des personnels. Nous ne pouvons que constater la dégradation importante pour les personnels et les usagers des services publics avec des mises en concurrence, ainsi qu’un agissement en totale opacité qui ne fait que renforcer les passes droits et l’amertume des personnels. Dans ce cadre, les organisations syndicales comme les personnels font face à une dégradation importante des relations humaines allant contre l’intérêt général.

D’autre part alors que la France a besoin de fonctionnaires pour des emplois stables avec des personnels formés afin de couvrir l’ensemble des besoins du territoire, la loi de transformation de la fonction publique prévoit, elle, un recours accru aux contractuels, qui va encore pénaliser des territoires déjà en difficulté et accroitre la précarité des personnels.

Enfin cette loi, par la réorganisation des instances, fusionne les comités techniques avec les comités d’hygiène, de santé et des conditions de travail alors que leur rôle est primordial pour le respect des conditions de travail des agents, cela a notamment été prouvé lors de la crise sanitaire que nous venons de subir.

Cette loi est un véritable recul dans la fonction publique, pour les agents comme pour les usagers, il est temps qu’elle soit abrogée.

Comme vous le savez le salaire des agents de la fonction publique n’est plus indexé sur le coût de la vie depuis 1983. Cette désindexation a engendré un déclassement progressif de leur salaire. Celui-ci était en partie compensé par la revalorisation du point d’indice qui n’a pas évolué depuis 2017

La revalorisation de 2016-2017 de 1,2% était accompagnée d’une refonte des grilles et d’une nouvelle carrière (PPCR) pour les enseignant·es mais cette évolution n’ayant pas eu de suite, les enseignant·es sont reparti·es s sur un nouveau déclassement. Ainsi un·e professeur·e en début de carrière touche 1,1 fois le SMIC alors que c’était 2,1 fois le SMIC, depuis 2017 les enseignant·es ont perdu 10% de pouvoir d’achat, et ils ont perdu depuis 2010 en euros constants 2 mois de salaire par an.

Les services publics et les agents de la fonction publique sont nécessaires au bon fonctionnement de notre pays et garants d’une certaine égalité d’accès à l’École, il est grand temps de les reconsidérer. Depuis plusieurs années c’est le travailler plus pour gagner plus qui l’emporte, c’est l’imposition d’heures supplémentaires, le versement d’indemnités alors même que toutes ces mesures salariales renforcent aussi les inégalités hommes-femmes. Les questions des rémunérations et des conditions de travail des enseignant·es sont primordiales si l’on veut enrayer la crise de recrutements que traverse l’Éducation nationale.

Nous tenons également à vous faire part de notre très grande inquiétude concernant l’état de santé de nos jeunes. Toutes les études le prouvent, nous observons chez les jeunes depuis plusieurs années une augmentation de l’obésité ainsi qu’une diminution des capacités cardiaques. Les scientifiques alertent sur la nécessité de pratique physique chez les jeunes. Face à ces problématiques, nous pensons que seule l’École est à même de répondre à la nécessité de créer des habitus de pratique indispensables à l’apprentissage d’une gestion de vie active. Touchant l’ensemble du public scolaire, l’EPS est le lieu privilégié pour travailler à ce processus. C’est le seul moyen effectif de démocratisation des pratiques physiques, sportives et artistiques. Les constats très positifs que nous faisons pour les 4 heures en 6ème doivent conduire à étendre cet horaire à l’ensemble du second degré.

Enfin, la question des fins de carrière et de la retraite sont des préoccupations fortes de nos collègues. En effet, depuis plus de 15 ans, les pouvoirs publics sont informés par leurs services et régulièrement alertés par le SNEP-FSU sur les formes particulières d’exercice du métier d’enseignant·e d’EPS et l’usure professionnelle qu’elles entrainent, sans que cette problématique ne soit pour autant réellement prise en compte dans les réflexions.

Les dernières réformes rallongeant la durée d’activité pour une retraite complète ne font qu’aggraver la situation.

Au regard de la prise de conscience sur la nécessité de la pratique physique, compte tenu des enjeux sanitaires et sociaux et de l’attachement des professeur·es d’EPS à leur discipline et à leur métier qu’ils souhaitent exercer jusqu’à l’âge de la retraite dans les meilleures conditions pour assurer leurs missions, le SNEP-FSU vous interpelle pour que les ministères de l’EN et de la FP adoptent des mesures spécifiques en direction des enseignant·es d’EPS que ce soit dans la prise en compte des fins de carrière et leurs conditions d’accès à la retraite, mais aussi dans une logique de prévention primaire des risques et ce dès la formation initiale sans omettre la formation continue.

Nous vous prions d’agréer, Mesdames les Présidentes, Messieurs les Présidents, nos salutations sincères.

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