Déclaration liminaire FSU au CSA MJS

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Mesdames les Ministres,

Vous nous faites l’honneur de votre présence pour l’installation de ce premier Comité Social d’Administration (CSA) Ministériel Jeunesse et Sports, qui est une nouvelle instance imposée par loi de transformation de la fonction publique contre l’avis unanime des organisations syndicales ; nous en profitons d’ailleurs pour rappeler que la FSU continue de demander l’abrogation de cette loi délétère et le rétablissement de l’ensemble des prérogatives des instances, car nous considérons que transparence et équité sont essentielles aux services publics d’éducation et du sport. Nous en profitons aussi pour vous rappeler notre demande de présence du « politique » à chaque réunion de l’instance, avec au moins la participation d’un membre de vos cabinets respectifs, car notre point de vue n’a pas changé concernant les bilatérales : elles peuvent être utiles mais ne sauraient se substituer aux moments d’échanges entre l’ensemble des représentants des personnels et les différents ministères de tutelle.

Attachée à une certaine conception du dialogue social, la FSU veillera à ce que cette instance ne soit pas qu’une chambre d’enregistrement, permettant un affichage de façade pour le grand public qui se prévaut de discussions avec les partenaires sociaux. Le nombre de votes défavorables unanimes des derniers comités techniques ministériels doit vous alerter. Il est temps de changer de méthode, d’écouter les personnels et leurs représentants ; c’est une condition indispensable d’un dialogue social respectueux des personnels -.

Pour cette deuxième réunion en votre présence, la FSU pourrait presque relire sa déclaration de l’an dernier (CTM JS du 11 juillet 2022, puisque tous les sujets restent d’actualité , que ce soit l’attractivité des métiers avec les questions de revalorisations financières et de conditions de travail, ou encore le sujet des politiques ministérielles et le service public Jeunesse et Sports.

1 / Contexte de mobilisation contre le projet de réforme des retraites et questions salariales

Ce premier CSA s’installe dans un contexte de mobilisations massives contre le projet de réforme des retraites. Pour la FSU, notre système de retraites n’est pas en danger, il est même possible de l’améliorer, de garantir les solidarités par une autre répartition des richesses. Alors, pourquoi refuser d’ouvrir ce débat ? Nous vous alertons sur le fait qu’à Jeunesse et Sports, la moitié des personnels techniques et pédagogiques a plus de 50 ans (cf. bilan social de 2020); votre projet de réforme des retraites nous conduirait vers une évolution de cette proportion vers les deux tiers ! Quand on connait les contraintes qui pèsent sur les agent.es et l’usure professionnelle qu’elles génèrent, on peine à imaginer un prof de sport contraint de plonger ou d’escalader avec ses stagiaires de la formation professionnelle à plus de 60 ans, ou encore un CTS de cyclisme ou d’aviron obligé de faire des milliers de km de route et travailler presque tous les week-ends, ou encore un CTS de basket ou de gymnastique entrainer des jeunes du pôle espoirs tous les jours (pb de fatigue, de motivation et décalage générationnel qui s’accentue) …

Pour la FSU, le sujet des retraites doit aussi être mis en perspective avec les questions salariales. La promesse du président candidat de revaloriser de + 10% tout le monde et sans contrepartie ne sera pas tenue, pas plus que l’engagement du ministre ENJ Pap N’Diaye d’inclure les personnels J&S dans le périmètre des négociations sur les projets de revalorisation des personnels (cf. notre interpellation FSU lors du CTM JS du 11/07/22) puisque nous n’avons jamais été sollicité.es à ce sujet ni invité.es à la moindre réunion…
Comme vous le savez, la FSU est opposée aux logiques indemnitaires qui se font au détriment du traitement indiciaire. Elle exige des revalorisations indiciaires pour toutes et tous, avec un plan ambitieux de rattrapage immédiat de la perte de pouvoir d’achat subie cette dernière décennie, ainsi que de meilleures conditions de travail. A Jeunesse et Sports, nous souhaitons aussi travailler sur la hors classe et la classe exceptionnelle des PTP et des IJS, comme cela a commencé à se faire pour les enseignants de l’EN, car c’est un des leviers pour revaloriser les agent.es.

2 / Effectifs et adéquation missions-moyens

Comme vous le savez, Jeunesse et Sports a été amputé de 45% de ses effectifs sous l’ère des ministères sociaux (de 2010 à 2020) et la pyramide des âges est préoccupante. Les agent.es sont en grande souffrance face à l’impossibilité d’exercer toutes les missions et tâches qui leur sont dévolues, sans oublier qu’ils/elles doivent jongler entre les priorités des ministères ENJS, les orientations fédérales, les dispositifs à gérer pour le compte d’agences, ainsi que les missions à faire sous l’autorité des préfets liées à la sécurisation des pratiques et/ou à des politiques publiques
interministérielles (EX : lutte contre la sédentarité, lutte contre la radicalisation, promotion de l’engagement, …). Il est urgent de procéder à de recrutements massifs, dans tous les corps, en offrant de nombreux postes aux différents concours J&S et en limitant le recours à des contractuels.


Nous en profitons pour vous demander à nouveau :

  • La transmission des fichiers effectifs ainsi que des informations sur les collègues qui quittent J&S, que ce soit par la voie des détachements, des demandes de disponibilité, via des ruptures conventionnelles, …, ou encore parce qu’ils/elles font valoir leurs droits pour partir à la retraite (nous ne disposons plus de ces chiffres depuis 2020) et plus globalement un travail sur la cartographie des postes sur les territoires ;
  • Le nombre de postes aux concours 2023 , un point d’étape sur le recrutement des 20 postes VSSR (lutte contre les violences et radicalisation), une information sur les nouveaux besoins en lien avec JOP et les perspectives des 80 postes SNU ;
  • L’ouverture d’une véritable concertation sur les problèmes d’adéquation entre les missions et les moyens, sachant qu’une « étude » avait été initiée par les ministères et la DGRH mais que nous attendons toujours la transmission de ce « rapport ». Pourquoi tant de secrets et de mystères ?
  • L’abandon du projet de création d’un service à compétence nationale (SCN) Montagne ! Pour rappel, dans ce contexte d’effectifs en berne, vous avez choisi, contre l’avis unanime des organisations syndicales à 8 reprises (en CTM JS, en CTM EN et en CTAC), de poursuivre votre projet de sanctuariser des moyens pour le secteur du ski uniquement ! Alors que les sports et les loisirs de montagne doivent urgemment opérer leur bifurcation climatique et écologique, vous les enfermez dans une logique de tour d’Ivoire au détriment d’une approche de service public pour tous les usagers.

3/ Politiques publiques et perspectives d’avenir

Depuis plusieurs années, les crédits des ministères chargés des politiques J&S sont majoritairement transférés à des agences (ANS, ASC) et/ou fléchés sur des dispositifs (SNU, PASS SPORT) et les personnels J&S, bien que passionnés par leurs métiers au départ, sont de plus en plus en souffrance, car on ne leur demande plus de mobiliser leurs expertises pour développer des politiques publiques éducatives et sportives => ils doivent trop souvent se contenter de « gérer des dispositifs » pour le compte de donneurs d’ordre parfois peu respectueux de leur travail et de leur statut.
Les personnels ont besoin d’être rassurés sur l’avenir du ministère après les JOP 2024 face à une agence (l’ANS) qui est très présente dans les médias comme dans la communication institutionnelle, mais qui ne peut pas fonctionner sans les milliers d’agent.es qui œuvrent au quotidien sur les territoires, que ce soit dans les services comme dans les établissements du sport, ainsi que face à la montée en puissance annoncée du SNU qui mobilise déjà beaucoup de personnels. Pour la FSU, le principal héritage des JOP 2024, c’est un ministère de la Jeunesse et des Sports reconstitué et renforcé !!!

focus sur les JOP

Sur ce sujet qui a pris une place importante dans vos vœux aux acteurs du mouvement sportif le 26 janvier dernier, nous attirons votre attention sur le ressenti des collègues J&S à qui vous demandez de se mobiliser pour en assurer la promotion et la réussite, mais qui sont obligés, comme l’ensemble des Français.es, de s’être inscrit.es avant le 31/01/23 sur une plateforme pour espérer être tiré.es au sort et ensuite pouvoir acheter des billets !

focus sur les 2 heures de sport supplémentaires au collège et le continuum éducatif

Point également abordé lors de vos vœux du 26/01/23 aux acteurs du sport, ce dispositif expérimental, omniprésent dans les communications, ne saurait constituer l’activité centrale des PTP sport. Sur le fond, si la FSU partage l’objectif de lutter contre la sédentarité des jeunes, faire entrer les clubs dans le milieu scolaire n’est pas la solution pour nous.

  • Un jeune qui ne souhaite pas s’inscrire dans un club sportif ou participer aux activités de l’association sportive scolaire (qui propose pourtant des formes originales de pratique accessibles au plus grand nombre et/ou davantage ludiques) éprouvera les plus grandes difficultés à trouver une motivation à s’inscrire volontairement dans une pratique physique et/ou sportive, sachant que les publics visés (= les jeunes qui en auraient le plus besoin pour leur santé physique et/ou mentale) sont souvent des jeunes dispensé.es d’EPS alors qu’il s’agit d’un enseignement obligatoire !
  • Un club qui entre dans le milieu scolaire a pour objectif de récupérer de futur.es licencié.es qui s’intégreront ensuite dans les cours proposés par le club, qu’il s’agisse de loisir ou de compétition . De plus, les animateurs ou entraineurs n’ont pas le temps ou l’envie d’adapter leurs interventions à des publics si éloignés de la pratique, surtout s’ils ont été formés au sein de fédérations unisports à visée compétitive.
  • Se pose aussi le la question des lieux de pratique et les problèmes de concurrence sur les installations sportives. Pour le SNEP-FSU, syndicat qui représente à la fois les professeurs de sport et les enseignant.es d’EPS, la solution passe par la mise en œuvre de sa revendication de « 4 heures d’EPS » par semaine pendant toute la scolarité, de la maternelle à l’université.

focus sur le SNU et son impact sur les missions et personnels J&S

Au-delà de l’aspect « politique » de ce dispositif, nous attirons votre attention sur le nombre de collègues, tous corps confondus, mobilisé .es de près ou de loin sur le SNU. La mise en œuvre de ce dispositif, qui phagocyte avec le service civique une grande partie des crédits jeunesse, se fait au détriment des missions de développement de la vie associative et de l’éducation populaire. Les personnels ont besoin d’autres perspectives de travail !

Focus sur le grenelle de l’emploi et des métiers du sport

La FSU est invitée à la première réunion du COPIL le 21/02/23 (Jean Kanapa nous représentera). Nous saluons l’effort de lisibilité attendu sur le paysage des formations et certifications et espérons que ce grenelle contribuera à renforcer la place de la filière JEPS et des diplômes d’Etat. Nous souhaitons d’ailleurs aller plus loin que le plan de communication interministériel, et prendre le temps de mettre l’ouvrage sur le métier sans vision à court terme. Merci de nous rassurer sur la durée de ce chantier vital pour le sport, les métiers, les filières certifiées par l’Etat.

Merci de votre attention.

Déclaration intersyndicale au CSA MJS

En ouverture de cette réunion d’installation du comité social d’administration ministériel Jeunesse et Sports, les organisations syndicales représentatives UNSA, CFDT, SOLIDAIRES, FSU et CGT tiennent à réaffirmer ensemble qu’elles continuent d’exiger du gouvernement qu’il renonce à son projet de report de l’âge légal d’ouverture des droits à la retraite de 62 à 64 ans et à l’accélération de l’augmentation des durées de cotisation.

Cette réforme annoncée par le gouvernement comme un enjeu de justice sociale ne trompe personne. Pour preuve, la population soutient massivement les revendications des organisations syndicales qui s’opposent au recul de l’âge légal de départ à 64 ans et à l’allongement de la durée de cotisations. 9 travailleurs sur 10 rejettent la réforme, 2/3 de la population soutient les mobilisations.

Rien ne justifie une réforme aussi injuste et brutale. Les tentatives argumentatives et pédagogiques du gouvernement échouent lamentablement chacune leur tour (“retraites à 1200 euros minimum pour tou.tes”, revalorisation des retraites des femmes, …). Et pendant ce temps-là, les travailleur.euses, du public et du privé, les jeunes et les retraité.es se mobilisent contre le projet du gouvernement, par millions, partout sur le territoire, par la grève et/ou les manifestations. La pétition intersyndicale a pour l’heure dépassé le cap du million !

Si malgré tout le gouvernement et les parlementaires restaient sourds à la contestation populaire, les organisations de la Fonction Publique appellent, dans le cadre interprofessionnel, à durcir le mouvement et à mettre la France à l’arrêt dans tous les secteurs le 7 mars prochain.

Le gouvernement doit renoncer à son projet de réforme des retraites et à toute tentative de précariser encore plus les conditions de travail des travailleur.euses, à Jeunesse et Sports et dans tous les autres secteurs professionnels du public et du privé, auxquels nous tenons à apporter toute notre solidarité.

L’intersyndicale appelle tous.tes les collègues JS en services, en CREPS et écoles, en directions techniques, à l’administration centrale, à se mettre en grève et à manifester encore plus massivement le 07 mars sur l’ensemble du territoire pour dire non à cette réforme, et à envisager de reconduire quotidiennement ses actions à compter de cette date tant que le gouvernement continuera à vouloir imposer sa réforme.

Mesdames les Ministres, vous devez prendre la mesure de la force du rejet du projet de réforme des retraites porté par le gouvernement et de la détermination des agent.es de Jeunesse et Sports, des organisations de jeunesse et plus largement de la population.

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