Bulletin spécial Péda – Mars 2022

Repenser la discipline dans une autre École

Les bilans tirés des dernières réformes du système éducatif et de l’action des différents gouvernements sont sans appel. Sous couvert d’expressions pour “la réussite de tous et toutes”, le tri, les inégalités se renforcent. Des Écoles à plusieurs vitesses sont à l’œuvre, dans lesquelles l’individualisation poussée à outrance vise à permettre à celles et ceux disposant des codes, mais aussi du capital culturel, voire financier, de tirer leur épingle du jeu. Baisse des horaires disciplinaires, multiplication des parcours possibles, transformation des certifications, définition de fondamentaux laissant à penser que le reste est accessoire, digitalisation de plus en plus importante générant des difficultés pour les plus fragiles, classes surchargées, personnels sous pression, sont autant de facteurs minant l’ambition éducative de la réussite de tous les élèves.

L’EPS, quant à elle, a connu des modifications de contenus et de certifications sans même qu’aucun bilan n’ait été tiré des précédents programmes et évaluations. La perte de sens est de plus en plus marquée et de nombreux enseignant·es l’expriment dorénavant. La pandémie qui a mis un focus sur la nécessité des pratiques physiques a également été le déclencheur d’approfondissement de nombreuses réflexions sur ce que devrait être l’EPS de demain. Toutefois, si réfléchir aux contenus d’une EPS ambitieuse et exigeante est primordial, faire plus et mieux avec si peu de moyens relève de la gageure. La nécessaire revalorisation disciplinaire doit s’ancrer sur une analyse multifactorielle des conditions de son amélioration : pédagogique, didactique, moyens en ressources humaines, installations, horaires, … Le tout doit obligatoirement faire système pour que le pas en avant soit significatif.

Cette réflexion qui a conduit le SNEP-FSU à porter l’exigence de temps de pratique augmenté en revendiquant 4h d’EPS pour tous les élèves, doit amener à une réflexion plus large autour du plus et mieux d’école pour la réussite de tous et toutes. C’est d’une transformation en profondeur dont a besoin notre système éducatif pour emprunter le chemin de la démocratisation de la réussite scolaire. C’est un enjeu de société primordial. L’Éducation est le cœur de la société. Si comme l’a affirmé R. Maracineanu, « le sport joue un rôle de ciment social et participe à l’unité de la nation », alors tout doit être fait pour renforcer sa place et son rôle dans le système éducatif !

Benoît HUBERT et Coralie BÉNECH, co-secrétaires généraux du SNEP-FSU

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